jeudi 1 novembre 2012

Doping News

Que les choses soient mises au point dès le début. Je suis fier d'être fan de cyclisme en ce moment. Que ce sport soit le seul capable de se remettre en cause et de remettre en cause ses plus grands champions sur la foi de l'éthique et l'équité me rempli vraiment de ce sentiment. Bien sûr j'ai mal au cœur dès que je découvre une nouvelle affaire. Mais dès que ce resserrement est passé, je suis vraiment heureux et je remet mon casque de plus belle (et mes collants aussi parce qu'il fait froid !).

Un petit historique du dopage s'avère nécessaire... Il faut avouer que ce n'est pas nouveau. Dans l'Antiquité, les athlètes s'enorgueillissait de trouver de nouvelles formules, de nouveaux mélanges, leur permettant d'améliorer leurs performances. Et encore, athlètes... Toute activité requérant un minimum de performance physique était baigné là dedans. Nous continuons aujourd'hui les mêmes potions : jus d'orange, infusions, ... A l'époque, ceux qui découvraient ces formules étaient considérés comme des héros. Évidemment, ça n'avait strictement rien de malsain : combien de parents bourrent leurs enfants de vitamines l'hiver pour mieux résister aux épidémies ? Certains s'indignaient cependant. Dans un récit "Du sport" (j'ai complètement oublié l'auteur, j'hésite entre Aristote et Pline, et je le retrouve pas sur nenette), l'auteur pense que les activités de divertissement devraient obliger leurs participant à des règles d’hygiène, d'éthique et des régimes draconiens. C'est cette conception qui fait foi actuellement.

Mais que veux dire actuellement ? Il y a quelques mois (années ?) est ressortie une bien curieuse affaire : lors de la finale de la coupe du monde de la FIFA 1952, tous les sportifs sur le terrain étaient bourrés de produits dopants (et pas la bonne vieille recette vitamineuse, non plutôt la recette testosteroneuse). C'est triste. J'ai presque envie de dire : et alors ? En fait, c'est ce genre de comportement qui nous a poussé à créer des règles anti-dopage. Oui, à l'époque, à moins que cela se voit vraiment trop, il n'y avait pas de lois interdisant le dopage. Bien sûr, certaines fédérations le prohibait, mais qu'est-ce que la règle face à la loi ? Les premières lois viennent de France à la fin des sixties. Entendre un Jacques Anquetil dire qu'il était fier de s'injecter de la caféine plutôt que de la boire me remplit d'un certain malaise, mais après tout, ce n'était pas interdit. Qu'on vienne me dire qu'il faut enlever les victoires de Merckx, de Anquetil, de Coppi, avant ces lois me fait doucement rire (jaune, mais je suis un être de cynisme) : il ne faisait rien d'illégal. On ne peut pas juger quelqu'un pour un crime n'existant pas au moment où il le commet (oui je sais, il existe des exceptions : mettrez-vous le dopage au même niveau qu'un génocide ? Remarque, à écouter les journalistes en ce moment, j'ai un doute.).

La mort de Tom Simpson a vraiment changé les mentalités : à partir de maintenant, se doper, ce n'est plus seulement améliorer ses performances, mais réaliser un arbitrage entre celles-ci et sa vie. Les lois ont suivi. A partir de maintenant, toute personne se dopant connait les risques. Non seulement en terme de loi, mais en terme de santé. Le problème venant du fait que l'on touche ici à la Santé Publique. Toute la complexité du problème se situe là. Lorsque certains ignares pensent qu'il faut autoriser le dopage pour tous afin d'assurer une hypothétique équité, c'est au mieux mignon de bêtise, au pire brillant de machiavélisme et de sadisme. Les sportifs sont des êtres humains, la quête de performance ne peut justifier l'autorisation tacite de les faire mourir. Les sportifs sont des exemples de nos sociétés, pour enfants et adultes. Bon, ok, dans une société profondément médicamenteuse, c'est pas forcement idiot de dire que après tout, il font comme nous... On ne peut autoriser le dopage, léger ou lourd.

Léger ou lourd ? Eh oui... Il y a une frontière. Elle s'est dressée vers la fin des années 80. On peut "presque" dire qu'avant cette barrière, les sportifs ne faisaient que jouer aux apprentis chimistes. Le dopage améliorait les performances certes, mais pas de manière inhumaine. Il n'y a pas longtemps, on a commencé à parler de dopage mutant (sans parler du dopage génétique, mais j'en parle plus tard). A cette frontière sont arrivées des méthodes bien spécifiques, mettant en jeu des protocoles médicaux réservés jusqu'alors aux grands malades, et souvent inspiré des méthodes de désintoxication. La différence entre des sportifs en prenant ou non est apparue tellement importante que certains professionnels sont passés en une année du statut de champion au niveau amateur. Dans le cyclisme, nombreux sont les témoignages. Ailleurs... Ailleurs nous avons l'affaire des veuves du Calcio, de la Juventus, du Football Lifetime, ... Parce que personne n'a parlé, mais que les morts ne se cachent pas. Comment expliquer la différence d'espérance de vie entre un américain moyen et un sportif (hockey, football, baseball) professionnel (pour rappel, celle-ci tourne autour de 60 ans) ? 

Depuis 1998, le cyclisme est plongé d'affaire en affaire. Festina, Puerto, Armstrong, Padoue... Sans parler des cas particuliers VDB, Rumsas, Landis, Vinokourov, Ricco, ... Andy Murray a déclaré hier qu'il estimait que tous les sports professionnels devaient se doter d'un passeport biologique. Cette méthode consiste à ne plus rechercher des produits, mais des variations physiologiques. Oui, parce que le constat depuis le début des années 2000, c'est que nous avons de toute façon un temps de retard dans la détection de produit. Encore aujourd'hui, il est difficile de détecter l'EPO. Alors vous imaginez le TB-5000, le TPO, ... ? Le cyclisme a été le premier à mettre en place cette méthode. Parce que comme d'habitude, en matière de lutte contre le dopage, le cyclisme est à la pointe. Sur la ligne de front même. Les médecins montrés du doigt dans ces différentes affaires, vous croyez qu'ils n'ont que des cyclistes dans leur clientèle ? Dois-je le rappeler ? Le cyclisme est un pauvre au milieu des autres sports. Si les pauvre ont les moyens de se payer ces techniques, qu'ont les moyens de payer les riches ? Le Dr Fuentes a livré il y a quelques années une interview glaçante où il affirmait avoir reçu des menaces de mort venant du tennis, du football, de la natation, ... Le Dr Del Portal est actuellement le préparateur de Dinara Safina. Qu'en penser ?

Je ne pense pas qu'il y a plus ou moins de dopage dans d'autres sports. Je pense qu'il y a toujours la possibilité de tricher dans un jeu. Que la tentation de tricher est forte dans des milieux hautement compétitifs (il suffit de regarder la politique). Je pense surtout que notre intérêt dans le sport n'est pas la performance mais la beauté. Que l'on court le 100m en 9s ou en 12s ne m’intéresse pas. La lutte pour la victoire m’intéresse beaucoup plus. Le problème de la professionnalisation se pose alors : elle entraine l'uniformisation des méthodes, et le nivellement entre athlètes. Et ainsi l’intérêt du dopage car pour se distinguer, une petite avance suffit, avance qui ne pourrait selon cette idée être apportée que pour l'ajout d'un produit dans son organisme. Et la génétique ? Les premières recherches sur l'amélioration génétique datent de fort longtemps : n'est-ce pas déjà ce que l'on fait avec les chevaux ? Pourquoi l'autoriser pour les chevaux et pas pour les humains ? L'éthique... L'équité... 

La question du dopage dépasse le clivage bien ou mal mais nécessite un profond changement dans nos mentalités. Le cyclisme montre la voie. Qui suivra ? Quoique... Pourquoi suivre ? Le plus grand méfait que l'on peut apporter à cette lutte contre le dopage nous est amené par les média (et donc le public) : le limogeage massif de gens qui avouent s'être dopés encourage au silence ; la haine que l'on sent dans les regards adressés aux stars déchus n'engage qu'à une chose, se cacher encore plus. Quelle est ici la voie à suivre ?

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