Il parait que je ne suis pas égoïste. J’admets. C’est
pourtant une qualité que je vante pour se prémunir de la souffrance. Peut-on
réellement faire croire à qui que ce soit qu’il est possible de ne pas
souffrir ? C’est une chimère. La vie est souffrance, la mort est repos. Ce
constat établi, il faut alors faire un choix. Adolescent je croyais que la
liberté du choix n’existait pas, pour la bonne raison que ma route était tracée
par d’autres, et que y échapper faisait parti du chemin naturel que tout le
monde se doit te tester. Adulte j’ai compris que ne pas choisir faisait aussi
parti des options. Ne pas savoir quoi faire nous pousse à nous arrêter, ce qui
est une action en soi. Je ne sais pas.
Malheureusement, quoi que proposera la route, il n’y aura
aucune possibilité de reculer, du moins pas collectivement. Et ce sont nos
interactions aux autres qui nous forcent à faire tel ou tel choix. Aux autres…
Je concevais jusqu’à il n’y a pas si longtemps que les
autres étaient les gens que je ne définissais pas comme ma vie. Ce n’est pas de
l’égoïsme mais de l’égocentrisme, et à ce jeu, il n’y a aucun doute, je suis un
champion. Et un aveugle. C’est la deuxième fois qu’une relation compte vraiment
pour moi. Et c’est la deuxième fois qu’elle se termine de cette manière. J’y ai
consacré du temps, de l’énergie, beaucoup de ma santé aussi. Des ambitions, des
projets, des idées sont aussi passées à la trappe. Je ne le regrette pas :
ce furent des choix complètement assumés. C’est là que je mesure le chemin qui
me reste sur la route de l’égoïsme. Je fais des sacrifices car le bonheur de
l’autre contribue plus à mon bonheur que la réalisation de mes rêves. Mon rêve
devient alors de vivre avec cet autre.
J’ai menti plus haut, enfin pas totalement. Il est vrai que
c’est la deuxième fois qu’une relation amoureuse compte. De cette vie j’en
retiendrai cependant deux autres. Même si la dernière ne le sait pas, ses
paroles comptent parce qu’elle m’indique le cap.
J’ai longtemps cru que j’aurai un choix à faire à la fin de
notre couple. Je me trompais lourdement : cette fin n’est pas un choix,
celui-ci intervient juste après, transformant alors le passé en un fait établi,
insurmontable. A force d’inclure le bonheur des autres dans mes pré-requis,
j’ai simplement réussi à rendre nos relations trop ardues à assumer. Le plus
beau piège de cette mascarade est l’aveuglement complet qui s’opère alors.
(en photo, le Fort Liédot sur l'Île d'Aix)
égoïsme versus egocentrisme. je vois que les précisions vocabulairstiques te tiennent autant à coeur que moi.
RépondreSupprimerD'autant que la distinction permet d'amener une autre question sur la disponibilité ou non des notre libre arbitre.
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