lundi 5 octobre 2009

Actualités pour les nuls

Lundi 28 septembre, nous apprenions avec stupéfaction l'arrestation de Roman Polanski. Ma première réaction a été l'outrage de cet enlèvement qui me paraissait arbitraire et sans fondement. Puis après, je me renseigne. Une semaine après, je crois qu'on a enfin un peu de recul. La grande majorité du monde artistique européen a signé une pétition demandant sa libération de la junte Suisse au pouvoir, dénonçant un crime contre l'humanité et la dignité. Je crois que trois problèmes sont soulevés ici : premièrement la neutralité de la Suisse, deuxièmement l'aveuglement du monde artistique, enfin la faible place de la victime. La neutralité tout d'abord, parce que pour moi, financier, cette mise aux arrêts me parait nauséeuse. En effet, qu'a cherché à faire la Suisse en répondant à un mandat d'arrêt vieux de 30 ans ? À part vouloir se faire bien voir par les États-Unis et faire oublier un peu le scandale du secret bancaire, je ne vois pas. Oui, cela chauffe aux fesses des banquiers suisses implantés là-bas en ce moment, l'un d'entre eux vient d'être condamné, il y a deux semaines, à une peine de prison pour non-révélation d'un numéro de compte. Ceci à avoir avec cela ? Ensuite je suis encore plus dégouté (et on utilise souvent ce mot à toutes les sauces, là, j'exprime vraiment un dégoût profond) par le monde artistique. De notre merveilleux Ministre , à Monica Bellucci, je ne comprend pas comment on peut soutenir de la pédophilie. Comme dit aux Guignols lundi 28, si Guy Georges avait signé Citizen Kane, serait-il en prison ? Oui, évidement, trois fois oui ! La justice doit s'appliquer à tous. Je ne dis pas qu'il faut qu'elle s'acharne, mais il faut un procès. Coupable ou innocent, je m'en fiche, mais que la justice le détermine. Étant un amoureux de la liberté, je suis aussi un amoureux de la démocratie et de ce qu'elle implique, ou de ce qui l'implique : la justice. Un autre argument de défense est la manière dont il a été arrêté. Si un homme quelconque était poursuivi pour les mêmes faits, mais s'il avait 25 ans, vivait à Saint-Denis et serait en recherche d'emploi, l'aurait-on cueilli comme cela ? C'est-à-dire à la descente de son avion en le priant de suivre les policiers sans être plaqué au sol ? J'ai des doutes. Mais le plus important là-dedans, c'est le traitement réservé à la victime. Elle aussi a le droit à l'oubli, et la surmédiatisation qui entoure cette affaire remet son nom, celui de ses enfants, sur le devant de la scène. Une sorte de double-peine à l'envers. Même si on a trop tendance en France à croire que le pardon est plus qu'une notion théologique, il faut que la justice s'applique, mais doit-elle le faire au détriment des victimes ?


Mardi 29 septembre, notre Président faisait un discours annonçant son RSA "jeune". J'ai alors découvert que le RSA était interdit aux moins de 26 ans avant ce texte. Pourquoi, ils en ont pas besoin les jeunes pauvres ? Je n'exprimerai pas mon opinion sur cette mesure, mais force m'est de constater qu'une fois encore, on traite les "jeunes" différemment des autres. Un jour, il faudra que l'on comprenne que à part l'expérience et la dynamique, rien ne nous différencie. Certes, ce sont deux notions extrêmement importantes, mais j'en ai marre aussi qu'à chaque fois que je postule quelque part on me dise "Vous n'avez pas l'expérience nécessaire". Et comment je vais l'avoir comme ça, banane ? Sans aller sur ce terrain, il faudra qu'on m'explique pourquoi le jeune fait aussi peur en France. On me dira "C'est normal dans notre société où il y a de plus en plus de violence. S'il y en avait moins avant, c'est que ce sont les nouveaux entrant qui la causent." Alors premièrement non, et deuxièmement non. De un, il y a moins de violence que dans les années 70, sauf que on porte beaucoup plus plainte qu'avant car nous sommes devenu un peuple procédurier. Et c'est normal. Plus une société s'approche d'un point maximal de richesse, de bien-être, plus sa population est procédurière. Et comme les statistiques officielles de la violence sont décomptées par le nombre de plainte, on est dans la merde. Oui, car si on regarde les statistiques directes, c'est à dire si on demande aux gens et qu'on ajoute les estimateurs, on voit qu'il n'y a pas beaucoup de différence avec notre société de 70. Et de deux, la violence dans ce pays est majoritairement commise par la tranche d'âge 35-45 ans. Alors pouet-pouet. Concernant ce RSAJ, rien à dire, ou plutôt rien à rajouter. Je suis un social-libéral, ni à gauche ni à droite, et cela va à l'encontre de toutes mes convictions. Donc rien à dire là dessus. Je n'en bénéficierais jamais en plus, na.

Mercredi 30 septembre est un jour rouge pour l'Afrique. Encore un. Et causé par qui encore une fois ? J'adore écouter Jacques Brel en interview. Ce type avait compris beaucoup de chose. "Un homme qui regarde le monde est forcément en colère.". Je suis en colère quand je vois ce que la françafrique a encore causé. Ce qu'elle continuera à causer. On parlait des jeunes au-dessus. Mais même si les clichés concernant ceux-ci étaient vrais, ils ne causent pas autant de mort que ce que les vieux dégoulinant ont fait là-bas. Si nous ne sommes que le fruit de nos parents, j'espère vraiment que ceux qui ont causé ces atrocités n'ont pas eu d'enfant. Je n'arrive pas à dire autre chose que ma révolte ici. J'ai peut être pas l'air comme ça, mais je suis un homme en colère, pas comme Camus ou Brel, je n'écris pas aussi bien et je n'arrive pas à leur niveau intellectuel. Mais je suis encore outré par la décolonisation, par le néo-colonialisme. Parce qu'on n'en parle pas souvent de ce dernier, mais il est là, partout. Plus particulièrement dans les émissions sportives ou de décoration d'intérieur. Je n'irais pas plus loin, même si j'ai les exemples si vous les voulez vraiment. Mais il y a quelque chose de pourri au royaume.

Jeudi 1er octobre commence une série de catastrophes naturelles impressionnante en Asie du Sud-Est. Bon. Rien à dire là dessus, même si c'est le principal fait du jour, que dire de plus ? La Nature nous rappelle sa puissance trop souvent...

Vendredi 2 octobre, le sujet du jour n'avait pas resurgi depuis au moins quelques mois : la récidive ! Chouette, encore une fois, je vais m'engueuler avec des amis, mes parents, parce que j'avance des chiffres et que je sais que j'ai raison. D'abord, j'ai toujours raison. À quoi bon en dire plus ? Aller, juste pour le fun : taux de récidive des meurtriers proche de 0,8%, taux de récidive des agresseurs sexuels proche de 2%. Il est écrit dans la Constitution américaine, presque exactement, "Il vaut mieux mettre 100 coupables en liberté, que 1 seul innocent en prison". Vous connaissez mon point de vu.

Semaine énervante. Prochain article moins énervé.

3 commentaires:

  1. Un bien bel article même s'il traite de sujet assez peu joyeux... Le problème reste que tout est un peu noyé à côté du reste. En particulier pour l'Afrique qui voit encore une nouvelle catastrophe en son sein, une de plus,...
    Au final un tour du monde bien déprimant, encore...

    RépondreSupprimer
  2. beaucoup de choses dites, beaucoup de choses à répondre...

    d'abord Polanski : j'étais moi aussi indignée par le soutien aveugle de tout le monde au nom de la liberté créatrice, "et c'est un grand réalisateur, et c'était il y a longtemps" mais j'ai appris ensuite qu'en fait, la jeune fille en question était consentante -bon, ça, on peut passer outre vu l'âge qu'elle avait à l'époque- et qu'elle a retiré sa plainte -étant désormais d'âge adulte et responsable de ses actes. Donc, hum, je ne sais plus trop quoi penser... Mais j'aurais tendance à dire, si elle porte pas plainte, il n'y a pas vraiment de raison de garder Polanski au frais... ?

    Sur le RSA, t'es pas vraiment juste, il y a des tas d'aides auxquelles ont droit les jeunes et seulement les jeunes. Sans parler des réductions en tous genres, dans les transports entre autres, réservées le plus souvent aux moins de 25 ans. D'accord on n'est pas gâtés, mais faut pas noircir le tableau non plus.

    Et enfin sur la récidive, moi j'ai pas encore débattu avec toi, c'est quoi ton point de vue ? (c'est pas très clair). Bon, t'as pas l'air d'être pour garder les gens très longtemps en prison... Je suis quasiment d'accord avec ça ; je pense que notre système carcéral -punitif- devrait s'accompagner d'un système thérapeutique, histoire de réinsérer vraiment les gens dans la société. Ils ont enfreint la loi, ils sont punis d'accord, mais ensuite on les prend en charge, on les aide à comprendre ce qui ne va pas, on les aide quoi. Les lâcher dans la nature après 6 mois ou 4 ans passés au contact de criminels, c'est sans doute pas la solution pour qu'ils rentrent dans le droit chemin. Ni pour qu'on les accueille à bars ouverts. (héhé, jolie faute de frappe, je laisse)

    voilà!

    RépondreSupprimer
  3. hum... dans l'ordre !
    Pour Polanski, il n'y a pas eu de jugement. C'est donc pour cela que je suis assez outré d'un soutien. La justice américaine n'est pas la pire du monde quand même. S'il y a des arguments pour ou contre, ils seront entendus, et j'ai confiance en la justice. Peut-être un peu trop et trop naïvement, mais j'ai confiance. Et ce soutien des artistes face à une affaire dont on ne connait presque que des rumeurs, ça me dépasse. Laissons la justice faire, et après soutenons ou non.
    Pour le RSA, je sais que je ne me fais pas d'amis^^. Ben, étant à la fois keynésien, libéral et socialiste (on appelle ça démocrate de gauche aux États-Unis), je bouffe à tous les râteliers. Et je ne peux pas être d'accord avec de quelconques aides dans un pays où il règne un tel climat de fiscalité. Je ne suis pas contre les aides, attention. Mais avant tout cela, la priorité est d'assainir la fiscalité afin de voir qui finance quoi, et quoi finance qui. C'est à dire revenir à un système fiscal simple, comme la plupart des pays développé, avec pas plus de 3 impôts et 3 taxes. Tant que ce travail n'a pas été fait, je serais contre toute mesure de ce type. Et puis, j'ai tendance à noircir le tableau pour mieux l'éclairer à la rénovation !
    La récidive est très très très marginale, et n'a aucune raison d'être un débat de société. Je me rappelle de cette fameuse loi sur la rétention, votée en avril 2008 et interdite par le Conseil Constitutionnel en juin 2008 pour non respect des Droits de l'Homme. Pourtant, cette loi avançait dans une bonne direction avant de completement se casser la gueule. Je m'explique. La loi prévoyait que à la fin d'une peine, un détenu devrait passer des tests psychologiques. Si ceux-ci montraient une défaillance, le détenu était alors placé (il faut bien comprendre : à la fin de sa peine) dans un centre de rétention dans lequel il serait soigné à vie. Le Conseil a exprimé ses réserves et a censuré la loi pour pas mal de raisons. Premièrement, il est crétin de faire passer ses tests à la fin de la peine et pas pendant. Deuxièmement, il est crétin de soigner des gens sans aucun espoir de liberté (car contrairement à la prison, il n'y avait pas de date de remise en liberté). Troisièmement, cela constitue une torture au sens de la DUDH de mettre en rétention un homme sur le bien-fondé d'un seul test, et amène à une forte corruption dans un pays qui est déjà le pays développé le plus corrompu au monde.
    Jolie faute, j'aime :D

    RépondreSupprimer